Monitrice de voile habitable à Paimpol : saison 2007
Hivernage et monitrice de voile habitable
Debriefing de la journée à Koz Kastel

Personne dans ma famille n'est marin.
Je n'ai pas commencé la voile à 5 ans.
A vrai dire j'ai fait un peu de Hobbie 16 avec mon père étant ado, j'ai aimé comme tout ce qui touche à la mer, mais sans plus.
Et je suis née à Paris!
Malgré tout, me voilà dans le bureau du chef de base de l'école de voile des Glénans Paimpol, car je postule pour un "bocquinat" d'environ 1 an qui devrait me permettre de devenir monitrice de voile habitable.
Le principe? J'intègre le groupe de "Bénévoles au pair" qui va s'occuper de l'entretien de la flotte de l'école, c'est à dire une 20aine de voiliers habitables et une 10aine de petits quillards, les Glénans 5,70.
Glénans 5,70 sur sa ligne dans le Trieux, Restratification d'un panot de 5,70
en face de Koz Kastel

Je n'y connais rien, mais le bocquinat est une formation, non reconnue certes, encadrée par des chefs de chantier, et basée sur l'entraide. 5 semaines passées au chantier donnent droit à 1 semaine de stage. Les bénévoles sont logés dans l'école (ce n'est plus actuel dans la plupart des bases) et défrayés pour leur nourriture. Ainsi en 1 an de bocquinat, on peut faire 6 semaines de stage : 2 semaines de stage 3voiles intensif, 2 semaines d'examen pratique (A2C), 2 semaines de pédagogie (B1). Une fois le stage pédagogique validé, on continue à remplir son contrat en encadrant les stages, et non en bossant à l'atelier. Il faut d'abord valider sa formation en encadrant des stages, tout en étant suivi par un formateur (C1), puis on est officiellement moniteur, placé sur un stage vacant.
L'école de voile des Glénans, la "plus grande" d'europe, est basée sur le bénévolat. La plupart des moniteurs sont bénévoles, et choisissent leurs stages. Tous les autres moniteurs, dont les BOCQS, sont attribués sur les stages restants, selon leur expérience.
Les Sun Fast 32i sur le terre-plein

Mais comment j'ai pu me retrouver dans ce bureau?
Remettons dans le contexte : je bosse depuis plus de 6 mois dans une entreprise de biologie. Avec ma licence, je fais le meilleur boulot qui puisse m'être proposé. Hors il ne me convient pas : toute la journée dans un labo, au SMIC, pas vraiment d'affinités avec mes collègues, je craque quand je me rend compte que même les raisons éthiques qui me poussaient à continuer sont bidons. Parallèlement, un ami moniteur m'emmène plusieurs fois aux Glénans. A la troisième, je finis par me renseigner plus sérieusement.
Archipel de Bréhat vu de l'île verte, qui appartient au centre Glénans de Paimpol

En quittant l'Irlande, à la fin de mes études, j'avais déjà failli tout quitter pour devenir monitrice de plongée sous-marine, une vraie passion pour moi. Je ne l'avais pas fait pour des raisons financières, et avais cherché une sorte de bénévolat en vain. Hors grâce à Seb j'ai eu le coup de foudre pour la voile habitable... en faisant la vaisselle sur la jupe arrière, au mouillage devant l'île de Bréhat! Alors certes je n'y connais rien à la voile, mais si on me fait confiance je veux foncer, parce que voile et plongée c'est très cohérent, que la pédagogie m'interresse, et qu'une expérience de monitorat me permettra de jauger si ca vaut le coup d'investir des milliers pour un monitorat de plongée.
L'archipel de Bréhat vu du chenal de l'Ile Verte

Et voilà c'était lancé, le chef de base m'a acceptée dans l'équipe, c'était un sacré pari de sa part! Je lui en serai toujours reconnaissante, car je n'aurais jamais pu me payer un monitorat autrement.
Beaucoup de gens sont surpris qu'on puisse devenir moniteur si rapidement, en seulement quelques semaines de stages. C'est vrai que c'est court, et à mes débuts j'ai encadré des stagiaires qui avaient faits plus de semaines de stages que moi!
Mais avant de devenir monitrice j'ai passé 6 mois à bosser sur les voiliers, à naviguer presque tous les week-end avec mes collègues qui eux étaient moniteurs, et qui m'ont fait une formation accélérée, à potasser ma théorie, et à écouter les expériences, les galères, les conseils des autres Bocqs, matin midi soir... je rêvais, je mangeais, je chiais voile.
WE Bocq en baie de Morlaix, retour à Paimpol par la Moisie

Il fallait aussi convoyer des voiliers, avec des belles navs de plusieurs jours. Et pendant mes stages, j'étais tellement à fond que je devais être insupportable! De plus Paimpol et les alentours sont ultra formateurs en navigation et carte. Et la pédagogie de ceux qui m'entouraient me convenait parfaitement : essayer jusqu'à trouver la réponse! Et si c'était trop casse-tête, ils procédaient par indices... Cette pédagogie m'a beaucoup servie quand je me suis retrouvée seule avec mes stagiaires, parce que là ya souvent pas le choix! Débrouille!
vérifications du mât avant une "sortie bocq", comme presque chaque week end

J'ai rencontré pas mal de gens qui ont fait des sacré navigations en tant qu'équipiers, par exemple des transatlantiques, ou même le tour du monde avec leurs parents. C'est formateur sur certaines choses, comme la vie à bord, tenir la barre, faire la veille, pêcher... Mais pas du tout sur les manoeuvres ou la liaison paysage-carte, le plus technique pour un monitorat. Et quelqu'un qui a fait 2 semaines de stage par ans, même pendant 10 ans, a-t-il vraiment le même niveau?
Pause du midi : entraînement paysage-carte devant l'archipel de Bréhat

Mais la vrai expérience, vraiment formatrice, c'est en tant que moniteur qu'on l'acquiert. Bien entendu on commence par des stages de faible niveau où l'on rentre tous les soirs à terre, ce qui permet de partager nos questionnements et comprendre pourquoi on a eu du mal à faire ceci ou cela.
Pause midi d'un stage à terre basé à Koz Kastel, sur Glénans 5,70

Puis on part en embarqué, seul sur le bateau, mais en escadre, c'est à dire à plusieurs voiliers. Ainsi on peut également échanger sur les problèmes rencontrés, mais aussi demander des conseils si on a des doutes sur la carte, et enfin si on se met en situation difficile on peut être "secouru" par ses camarades.
Aux Sept Iles, j'emmène mes stagiaires voir les fou de bassan de plus près

Au final l'indépendance se fait petit à petit, et on apprend beaucoup des autres. Enfin on part seul, sur des stages de plus haut niveau et donc de plus en plus loin.
Plus on a d'expérience, plus on va loin : ici aux îles Scilly, mon voilier est à gauche

Le professionalisme : visite de l'île Ste Agnès, mais avec la BLU pour recevoir la météo :)

A la fin de la saison, plus on a eu de galères, plus on a un bon niveau! Et un sacré caractère!
Pic Nique sur l'île verte et pause photo. Celle qui prend la photo, débutante à cette époque, est maintenant monitrice, ce qui doit faire la fierté de tous ses moniteurs!

Pour ce qui est de l'hivernage, j'ai énormément appris, me donnant une très bonne base technique sur les voiliers. C'est simple, on a tout fait, sauf les moteurs. Toutes les vérifications, hivernage, deshivernage, gréement, accastillage, dématage, sortie de l'eau, changement de passe-coque, de bagues de safran, réglage des mats, changements de profils d'enrouleurs, vérification des voiles et réparations sommaires, strate, étanchéité des hublots, problèmes électriques, de centrale de navigation, menue menuiserie, vérification des brassières, pompes des toilettes, inventaires, antifouling, vernis, matelotage divers, et même changer les thermocouples des gazinières!
Vérification des brassières Chantier des Sun Fast 37 sous le Hangar : ponçage et peinture

Sun Fast 43 au sec et dématé Réparation des varangues d'un Django

Vérification des 150 voiles Sortie de l'eau d'un Sun Fast 37
Cette expérience m'a permis par la suite de travailler comme technicienne pour une boite de location en Martinique.
Pour plus de photos :
http://picasaweb.google.com/ggbaffour
ya de tout, du boulot en strate sur les Glénans 5.7, des week ends de nav', des concerts improvisés...
Debriefing de la journée à Koz Kastel

Personne dans ma famille n'est marin.
Je n'ai pas commencé la voile à 5 ans.
A vrai dire j'ai fait un peu de Hobbie 16 avec mon père étant ado, j'ai aimé comme tout ce qui touche à la mer, mais sans plus.
Et je suis née à Paris!
Malgré tout, me voilà dans le bureau du chef de base de l'école de voile des Glénans Paimpol, car je postule pour un "bocquinat" d'environ 1 an qui devrait me permettre de devenir monitrice de voile habitable.
Le principe? J'intègre le groupe de "Bénévoles au pair" qui va s'occuper de l'entretien de la flotte de l'école, c'est à dire une 20aine de voiliers habitables et une 10aine de petits quillards, les Glénans 5,70.
Glénans 5,70 sur sa ligne dans le Trieux, Restratification d'un panot de 5,70
en face de Koz Kastel


Je n'y connais rien, mais le bocquinat est une formation, non reconnue certes, encadrée par des chefs de chantier, et basée sur l'entraide. 5 semaines passées au chantier donnent droit à 1 semaine de stage. Les bénévoles sont logés dans l'école (ce n'est plus actuel dans la plupart des bases) et défrayés pour leur nourriture. Ainsi en 1 an de bocquinat, on peut faire 6 semaines de stage : 2 semaines de stage 3voiles intensif, 2 semaines d'examen pratique (A2C), 2 semaines de pédagogie (B1). Une fois le stage pédagogique validé, on continue à remplir son contrat en encadrant les stages, et non en bossant à l'atelier. Il faut d'abord valider sa formation en encadrant des stages, tout en étant suivi par un formateur (C1), puis on est officiellement moniteur, placé sur un stage vacant.
L'école de voile des Glénans, la "plus grande" d'europe, est basée sur le bénévolat. La plupart des moniteurs sont bénévoles, et choisissent leurs stages. Tous les autres moniteurs, dont les BOCQS, sont attribués sur les stages restants, selon leur expérience.
Les Sun Fast 32i sur le terre-plein

Mais comment j'ai pu me retrouver dans ce bureau?
Remettons dans le contexte : je bosse depuis plus de 6 mois dans une entreprise de biologie. Avec ma licence, je fais le meilleur boulot qui puisse m'être proposé. Hors il ne me convient pas : toute la journée dans un labo, au SMIC, pas vraiment d'affinités avec mes collègues, je craque quand je me rend compte que même les raisons éthiques qui me poussaient à continuer sont bidons. Parallèlement, un ami moniteur m'emmène plusieurs fois aux Glénans. A la troisième, je finis par me renseigner plus sérieusement.
Archipel de Bréhat vu de l'île verte, qui appartient au centre Glénans de Paimpol

En quittant l'Irlande, à la fin de mes études, j'avais déjà failli tout quitter pour devenir monitrice de plongée sous-marine, une vraie passion pour moi. Je ne l'avais pas fait pour des raisons financières, et avais cherché une sorte de bénévolat en vain. Hors grâce à Seb j'ai eu le coup de foudre pour la voile habitable... en faisant la vaisselle sur la jupe arrière, au mouillage devant l'île de Bréhat! Alors certes je n'y connais rien à la voile, mais si on me fait confiance je veux foncer, parce que voile et plongée c'est très cohérent, que la pédagogie m'interresse, et qu'une expérience de monitorat me permettra de jauger si ca vaut le coup d'investir des milliers pour un monitorat de plongée.
L'archipel de Bréhat vu du chenal de l'Ile Verte

Et voilà c'était lancé, le chef de base m'a acceptée dans l'équipe, c'était un sacré pari de sa part! Je lui en serai toujours reconnaissante, car je n'aurais jamais pu me payer un monitorat autrement.
Beaucoup de gens sont surpris qu'on puisse devenir moniteur si rapidement, en seulement quelques semaines de stages. C'est vrai que c'est court, et à mes débuts j'ai encadré des stagiaires qui avaient faits plus de semaines de stages que moi!
Mais avant de devenir monitrice j'ai passé 6 mois à bosser sur les voiliers, à naviguer presque tous les week-end avec mes collègues qui eux étaient moniteurs, et qui m'ont fait une formation accélérée, à potasser ma théorie, et à écouter les expériences, les galères, les conseils des autres Bocqs, matin midi soir... je rêvais, je mangeais, je chiais voile.
WE Bocq en baie de Morlaix, retour à Paimpol par la Moisie

Il fallait aussi convoyer des voiliers, avec des belles navs de plusieurs jours. Et pendant mes stages, j'étais tellement à fond que je devais être insupportable! De plus Paimpol et les alentours sont ultra formateurs en navigation et carte. Et la pédagogie de ceux qui m'entouraient me convenait parfaitement : essayer jusqu'à trouver la réponse! Et si c'était trop casse-tête, ils procédaient par indices... Cette pédagogie m'a beaucoup servie quand je me suis retrouvée seule avec mes stagiaires, parce que là ya souvent pas le choix! Débrouille!
vérifications du mât avant une "sortie bocq", comme presque chaque week end

J'ai rencontré pas mal de gens qui ont fait des sacré navigations en tant qu'équipiers, par exemple des transatlantiques, ou même le tour du monde avec leurs parents. C'est formateur sur certaines choses, comme la vie à bord, tenir la barre, faire la veille, pêcher... Mais pas du tout sur les manoeuvres ou la liaison paysage-carte, le plus technique pour un monitorat. Et quelqu'un qui a fait 2 semaines de stage par ans, même pendant 10 ans, a-t-il vraiment le même niveau?
Pause du midi : entraînement paysage-carte devant l'archipel de Bréhat

Mais la vrai expérience, vraiment formatrice, c'est en tant que moniteur qu'on l'acquiert. Bien entendu on commence par des stages de faible niveau où l'on rentre tous les soirs à terre, ce qui permet de partager nos questionnements et comprendre pourquoi on a eu du mal à faire ceci ou cela.
Pause midi d'un stage à terre basé à Koz Kastel, sur Glénans 5,70

Puis on part en embarqué, seul sur le bateau, mais en escadre, c'est à dire à plusieurs voiliers. Ainsi on peut également échanger sur les problèmes rencontrés, mais aussi demander des conseils si on a des doutes sur la carte, et enfin si on se met en situation difficile on peut être "secouru" par ses camarades.
Aux Sept Iles, j'emmène mes stagiaires voir les fou de bassan de plus près

Au final l'indépendance se fait petit à petit, et on apprend beaucoup des autres. Enfin on part seul, sur des stages de plus haut niveau et donc de plus en plus loin.
Plus on a d'expérience, plus on va loin : ici aux îles Scilly, mon voilier est à gauche

Le professionalisme : visite de l'île Ste Agnès, mais avec la BLU pour recevoir la météo :)

A la fin de la saison, plus on a eu de galères, plus on a un bon niveau! Et un sacré caractère!
Pic Nique sur l'île verte et pause photo. Celle qui prend la photo, débutante à cette époque, est maintenant monitrice, ce qui doit faire la fierté de tous ses moniteurs!

Pour ce qui est de l'hivernage, j'ai énormément appris, me donnant une très bonne base technique sur les voiliers. C'est simple, on a tout fait, sauf les moteurs. Toutes les vérifications, hivernage, deshivernage, gréement, accastillage, dématage, sortie de l'eau, changement de passe-coque, de bagues de safran, réglage des mats, changements de profils d'enrouleurs, vérification des voiles et réparations sommaires, strate, étanchéité des hublots, problèmes électriques, de centrale de navigation, menue menuiserie, vérification des brassières, pompes des toilettes, inventaires, antifouling, vernis, matelotage divers, et même changer les thermocouples des gazinières!
Vérification des brassières Chantier des Sun Fast 37 sous le Hangar : ponçage et peinture


Sun Fast 43 au sec et dématé Réparation des varangues d'un Django


Vérification des 150 voiles Sortie de l'eau d'un Sun Fast 37


Cette expérience m'a permis par la suite de travailler comme technicienne pour une boite de location en Martinique.
Pour plus de photos :
http://picasaweb.google.com/ggbaffour
ya de tout, du boulot en strate sur les Glénans 5.7, des week ends de nav', des concerts improvisés...